Maroc, autour de Marrakech

Le 18 mai, vol au dessus de l'Algérie dans un gros avion de la Royal Air Maroc, vol AT 571. Certes, c'eut été mieux dans le coucou de St Exupéry, mais enfin... On aterri a l'aéroport de Casablanca, puis on prend le train jusqu'à la gare Casa-voyageurs. Un petit hotel pourri, où l'on se fait un petit diner légumes et fruits sur le balcon, puis le lendemain, nous reprenons le train jusqu'à Marrakech, nos vélos toujours en morceaux, emballés dans du célophane. Le paysage est valloné, il fait chaud. En début d'après-midi, nous arrivons a Marrakech. A côté de la gare, on s'étalle sur un trottoir pour le montage de nos vélo, qui sont restés pendant plus de 2 semaines en kit. C'est dans l'effervessance de cette activité qu'on rencontre Guy, marin, commercial, maintenant il travaille dans les impôts (mais si mais si il est sympa, d'ailleurs il vient de finir, parmis d'autres voyages, un tour du Maroc a Vélo).
Notre premier trajet à vélo du Maroc: gare de Marrakech- place Jemma el Fna.
Rdv avec Bernard et son fils Julien à l'hotel Ali. Le soir même, nous allons chez Safa et Saaida, deux soeurs chez qui nous serons logées. Saaida a fait un stage en cuisine a Ammerschwir et sa petite soeur Safa étudie comme elle l'hotellerie. Nous passons une agréable soirée, allons manger tous ensemble tajines, kefta et autres spécialités. Ce ne sera que le début d'un séjour de découverte de la gastronomie marocaine, mais nous ne le savons pas encore...!


Telouet

Par la petite route de montagne nous passons le col du Tichka (Tizit Tichka) avec Bernard et Julien, dans la petite Logan qui vaut bien les 4x4 qu'on croise. Nous arrivons a Telouet au village de Mohammed, un ami de Bernard, touareg qui vend ici des tapis. Il nous invite à boire le thé. Son cousin, Aïssa, nous emmene visiter la Kasbah du pacha Glaoui. Une très belle architecture en finesse, dont les fenêtres et moucharabieh donnent sur le paysage rouge montagneux et les champs de vert tendre et de jaune or. Un léger vent, les arbres et les herbes se courbent et frétillent...

Encore un thé dans une vallée adjacente, et de retour à Telouet nous sommes invités à manger le couscous. Les jeunes hommes du village viennent jouer de djembé, du tam-tam, de la bassine en plastique. Mohammed joue. Aïssa joue et chante, il est emporté par la musique, il devient un poète inspiré, presque en transe. Le rythme est envoûtant. Puis nous mangeons le couscous, assis tous autour par terre, sur les tapis de Mohammed, dans sa boutique. Aïssa prend de la semoule de sa main droite et en fait une boulette bien ronde et compacte en la faisant rouler dans sa paume. Nous essayons d'en faire de même. Faut-il vous décrire le résultat déplorable? Je pense que vous pouvez assez bien imaginer notre dexterité a ce moment. On se sent un peu bêtes mais on mange quand même avec une cuiller.



En aout, les touaregs repartiront chez eux dans le désert pour 6 mois. Ils viennent se reposer et faire leurs affaires à Telouet, mais sont la moitié de l'année en voyage. Les nomades emportent du sel, des produits de la ville, qu'ils troquent sur le chemin. "On s'arrête dans certaines oasis, s'il y a de l'eau on reste, sinon on repart. Dans les montagnes de l'Atlas,on loue des mules, puis on retrouve nos chameaux dans le désert pour descendre vers Tombouctou." Et là ils nous font une proposition qui fait rêver, mais devient réaliste tout à coup: "Si vous voulez vous joindre a nous, vous êtes les bienvenus". On s'en souviendra.





Le lendemain, nous allons avec Aïssa voir la mine de sel de Telouet. Les couleurs de cet endroit sont inombrables, même en faisant des croquis on peine a toutes les répertorier... Nous mangeons dans le resto de Momo (Mohammed), omellette touareg, salade, thé...



Nous rentrons a Marrakech. Chez Safa et Saaida, nous rencontrons Naoual. Après un petit resto citadin, direction le lieu sacré de "Wenoo", près de la place du 19 septembre, où l'on peut boire des jus de fruits divers et variés, notamment un jus d'avocats au lait délicieux. Quel contraste entre la montagne de Telouet, nos rêves de caravane dans le désert et le casino de Marrakech où nous entrons ce soir pour une petite heure, observant les énergumènes de toutes sortes qui s'y rendent. Quel contraste entre les Berbères et les touraeg habillés à l'arrache, faisant d'une bassine en plastique leur instrument de musique, mais au regard fier, et ces joueurs et joueuses qui s'enferment dans cette prison de luxe apparent. Les humains sont de drôles de bonhommes...

Safi

Bernard et Julien passent nous prendre chez Safa et Saaida à leur appart, Naoual et nous deux. Nous sommes invités chez les parent de Naoual à Safi, capitale de la poterie et port sardinier, au bord de l'Atlantique. Nous visitons Safi et avons la démonstration d'un tourneur très habile. Chez la famille de Naoual nous sommes reçus comme des rois, tajine de poulet au citron, le lendemain, couscous sucré au tfaya, crudités, pâtisseries, thé, nous mangeons en compagnie de son père Omar... Il faut bien s'entraîner pour le Toubkal.



Nous allons nous baigner dans l'océan, avec Naoual et son petit frère Abdl Kabir; les vagues sont énormes, on a l'impression d'être dans le tambour d'une machine a laver. Ca revigore!
Le troisième jour, lundi 24, un plat de sardines grillés. Nous partons tardivement pour Imlil, où nous devons retrouver Brahim Id Belaid au café des amis. Nous y arrivons à la nuit tombée. Nous continuons jusqu'à Aremd, son village, nous sommes accueillis chez Omar le Rouge. Encore un tajine excellent, décidément, notre entrainement continue avec la même rigueur.


Djebel Toubkal

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Brahim a à faire, il nous confie à un autre guide, Brahim son cousin. Alors il faut bien les différencier, on l'apelle Brahim n°2, ou le Brahim avec des moustaches. Mardi matin, en route! Hussein est notre mulletier, sa mule blanche porte les provisions et les sacs de couchage. Que la montagne est belle! La vallée est verte, un torrent coule au milieu. A partir du marabout, le paysage change: rochers, au loin, des névés sur les pentes abruptes. On est dans notre élément! Au refuge du caf de Casablanca, on boit le thé en arrivant. Comme dans tous les refuges, on se prélasse au soleil tant qu'il y en a. Les nuages arrivent, le vent se lève et on se réfugie sur les banquettes à l'intérieur. Brahim n°2 nous a préparé un tajine qui attire les regard de nos voisins.

Mercredi, à l'aube, départ pour le sommet. Julien commence avec nous avec une bonne volonté, mais redescend au refuge, ce sera pour une prochaine fois. On lui somme de nous préparer un tajine en nous attendant. Nous montons lentement mais sûrement, le vent est très fort et nous déséquilibre dans la montée. Au col, on a une vue magnifique en direction du lointain Mgoun. Le soleil nous frappe. Le sentier monte jusqu'en haut. En à peine plus de 3h nous voilà au sommet.

On pensait avoir un peu de mal mais les jambes sont allées toutes seules. On s'abrite du vent derrière un rocher. Là on retrouve un joyeux gugusse qui nous a croisés et recroisés depuis hier, Igor, Russe vivant en République tchèque. Il nous offre de la viande séchée, du poisson séché, faits maison, deux tablettes de chocolat. Son sac pèse 30kg et lui est fort comme un ours. Il en a la corpulence et est timide et sympathique. On communique par gestes, il connait 20 mots d'anglais, et comme on ne sait ni le tcheque ni le russe... On se réjouit d'avance pour la descente à la vue de tous ces beaux névés! Descente en ramasse, on dépense toute notre énergie. A peine 1h30 et nous voilà les culs mouillés au refuge. Thé et omellette berbère, puis 1300m encore pour arriver à Aremd, chez Omar le Rouge, où nous mangeons un tagine de chèvre avec Françoise, une Française vivant entre Paris et Marrakech. Cette fois, le tagine, c'est pour se remettre de nos émotions.

Le lendemain, après un petit tour dans Aremd, nous descendons à pied à Imlil. Puis retour a Marrakech.

Marrakech

Ce matin à Aremd, ce soir au Riyad Dar Dialkoum, avec Saaida et Naoual, chez un couple de Français que connait Bernard. Ils sont venus s'installer au Maroc, ils proposent des chambres d'hôtes. Laurent nous fait visiter les lieux, à l'architecture toute en détails, mêlant le contemporain et l'ancien. Le style marocain inspire, travail artisanal, tadlak, zélijes, bois sculpté... La soirée se poursuit au Pacha, boite branchée de Marrakech. Les filles dansent dans le bain de la techno, en plus c'est open-bar pour les filles, alors Julien, Delphine et Sophie, nous fabriquons des petits avions en papier que nous lançons sur la foule. C'est très drôle.

Petit dej' au Wenoo, ballade dans le souk, et ce soir nous mangeons chez une amie de Safa. La mère, Wafa, a trois files très belles et un garçon. Wafa et Safa nous ont préparé de délicieux poulets au citron, farcis, accompagnés d'aubergines, de foie aux herbes, et autres choses exotiques.

Dernière journée à Marrakech: quartier des tanneurs, on est vendredi et c'est fermé. Adieux à Bernard et Julien qui vont prendre leur avion. Saaida nous emmène au Hammam ce soir. C'est juste à côté. Trois grandes salles carrelées où l'on fait couler de l'eau chaude. Moiteur... Pas de pudeur, pas de jugement. On remplit les seaux d'eau chaude, on se lave au savon noir, huileux. On se rince un peu et on frotte la peau, une fois, deux fois, trois fois, jusqu'à ôter toutes les peaux mortes. On se frotte le dos l'une l'autre. On se met un masque d'argile, puis on se lave encore les cheveux. Alors on sort de cette touffeur, comme neuves, on se crème et on sent bon. En rentrant, un jus de fruits, puis nous mangeons avec Safa et son amie Myriam qui ont préparé un tajine de boeuf aux petits pois et artichauds.

Le dimanche 30, nous quittons Safa et Saaida, nous reprenons nos vélos, enfin, pour ne plus les quitter, espérons, avant l'Alsace.

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