samedi 27 mars 2010

Jordanie 2


Sur la route des rois qui mene a Petra, nous croisons un curieux personnage. Au loin un homme poussant une bicyclette surchargee avance vers nous. Il arrive a notre hauteur. Il s'apelle Max, il est suedois, habille comme un trapeur, il a moins l'allure d'un touriste fringant comme nous. Sur sa bicyclette rouillee s'entassent des sacs poses et suspendus de toutes parts. Depuis 2007 il a pousse son barda dans toute l'Afrique. Un jordanien s'arrete, nous propose de boire le the plus loin. Pourquoi pas le faire ici, on a de l'eau, le rechaud, du karkade. Au milieu du desert, nous sommes assis, buvant le the, grillant du pain sur un feu, discutons des choses du monde, de la religion... Decor atypique.

Nous voici a little Petra, non loin de la reputee Petra. Entres dans little Petra, on se met a la recherche du fameux passage secret qui permet d'entrer dans Petra, nous evitant de payer le cher droit d'entrer. Nous voila lances dans un chemin bedouin. Circulant entre les rochers, chemin de via ferrata, nous nous retrouvons sur un plateau desertique. Tout autour, des montagnes pentues, sur lesquelles on se perd. Nous tombons enfin sur le debut des marches en pierres qui menent au monastere, a l'interieur de Petra. Deja 16h, trop tard, nous reviendrons demain.
La soiree, nous sommes pris dans une situation qui nous depasse. Nous nous arretons chez Suleyman, dans sa tente bedouine, pour boire le the. Nous acceptons son invitation a y dormir, bien que Khaled, rencontre a little Petra nous ait deja fait la meme proposition. Luc laisse son sac chez Suleyman et nous allons chercher nos velos. Il fait nuit quand nousarrivons a little Petra, la nous attendent un groupe d'hommes dont Khaled et un policier. S'en suit tout un discours en anglais. Abdullah et Khaled tentent de nous expliquer la situation. Au fil de la soiree, nous comprendrons: il est interdit de dormir aux alentours de little Petra, meme invites par un bedouin. Les autoritees savent que ceux-ci connaissent les passages pour entrer dans Petra, c'est leur territoire, ils y vivent et le connaissent par coeur. En 1986, le gouvernement decide de faire de Petra un parc d'attraction a touristes, l'entree est chere, et peu est reverse aux anciens habitants de la cite. Malgre l'interdiction d'accueillir les touristes, la police accepte que nous dormions chez Khaled. Il faut reprendre le sac que Luc a laisse chez Suleyman et la police ne veux en aucun cas nous laisser a nouveau entrer dans ce territoire interdit. Nous atterrissons ensuite au poste, tout s'arrange. "c'est pour votre securite" mais nous savons que c'est surtout une histoire d'argent. Rentres chez Khaled, nous embarquons quelques affaires pour aller dormir sous sa tente familliale. Un feu, des chants arabes, de l'arak, belle ambiance sous le ciel etoile du desert. Le lendemain, on passe la journee pres d'une cave de Petra, appartenant a Abdullah. S'en suit un bivouac a la belle, comme il y en aura beaucoup d'autres.

Le jour du printemps, nous nous arretons au bedouin village Am Saihoun. Nous venons de quitter Khaled et Abdullah mais voila deja de nouvelles rencontres.

Une invitation a boire le the se transforme en un sejour de plusieurs jours. Avec Marlene, francaise partie d'Evian a pied, tombee amoureuse de la Jordanie et d'un Jordanien, Khaled, qui a vecu en France, avec Chadi, Abed, avec Ehmet, nous chargeons tous les soirs un 4x4 de couvertures, de matelas, de victuailles, du oud et du djembe. Soirees dans le desert, a les ecouter chanter, a manger et boire l'arak, a danser dans le sable, a frapper dans les mains, et les sons resonnent sur les parois des rochers. Le temps n'existe plus, seul un espace grandiose nous entoure.



Ces moments font partie des plus intenses du voyage, les bedouins sont un peuple magnifique, de beaux visages, des habits simples et de grands coeurs.
Moments inoubliables, bivouacs toutes les nuits, qui sont courtes, un soir a l'entree d'une grotte ou volent les chauves-souris, dans le Wadi Araba, un autre jour a se baigner dans une reserve d'eau, oassis dans le desert, puis dans le Wadi Rum.


Comment decrire ce paysage grandiose? Comment decrire cette ambiance, lorsque Khaled conduit le 4x4 sur les pistes de sable, la musique a fond... Comment retranscrire toutes ces conversations avec Marlene, sur la vie et la beaute de la nature qui nous entoure... Comment vous faire resentir le rythme du oud, les rires et les paroles arabes de nos hotes bedouins?
Chadi est notre guide pour visiter Petra, apres notre epopee a la police, nous payons l'entree comme tout le monde. Il nous emmene a Wadi Musa, a l'entree du sik de 1km, qui revele en son bout le tresor, la partie la plus conservee de la belle citee. Tout est grandiose, les maisons, les tombeaux, monastere creuses dans les falaises.


Apres 5700km avec nous, Luc nous quitte. Nous voila a Aqaba, aux portes de l'Afrique!

plus de photos

dimanche 14 mars 2010

Jordanie

Nous passons la douane jordanienne sans encombre et assez rapidement. Sortie syrienne agreable, les douaniers font meme de l'humour. L'entree en Jordanie, le temps de faire le visa, et nous y voila en moins d'une demi heure. La region d'Amman est peuplee mais nous trouvons tout de meme un bivouac tranquille entre un champ et une oliveraie.
Le lendemain, 10 mars, a Jerash, nous experimentons pour la premiere fois le lancer de cailloux, sport favori des petits jordaniens. Le but est simple, il s'agit avec un caillou de plus ou moins grande envergure de viser les touristes a velos. Evois le tres fort si ceux la ne te donnent pas d'argent, s'ils s'arretent sous la maison il est plus facile de les viser du toit, parfois ils peuvent fuir, poursuis-les. Des cyclo-touristes russes croises sur la route nous relate les memes faits. On en rigole mais les journees suivantes sont passees a garder l'oreille attendive, de peur que les petits monstres ne surgissent face a nous.
La route longe ensuite le Jourdain a quelques 6 kilometres de distance. Les serres se succedent, de nombreux camions barrioles de couleurs nous croisent, charges de legumes a ras-bords. Les check-points sont la pour surveiller le flux pres de la frontiere israelo-jordanienne. On passe a l'intersection entre la Mer Morte et le King Hussein Bridge, point de passage en Israel. Nous n'irons pas a Jerusalem. Le tampon libanais empeche toute entree, meme Quentin (http://petite-reine-mediterraneenne.over-blog.com/), ayant montre patte blanche, s'est fait refoule.


La mer Morte

Puis voici, la mer Morte, -400m, notre record d'altitude negative. Celle ci est recouverte d'un gros nuage d'evaporation. Pause a "Amman Beach". Une foule immense de locaux et de quelques touristes flannent sur la plage privee ammenagee et la plage non payante, mangent, fument la chicha... On se plonge dans l'eau en marchant sur des plaques de sel, et evidemment on flotte comme des bouees! Nous ressortons tout collants de sel puis la chaleur ecrasante nous fait nous refugier a l'ombre de la tente. On y reste pour la nuit, un groupe fera la fete toute la nuit accompagnant le bourdonnement des moustiques a notre sommeil demi eveille.

Le lendemain, on realise qu'on aurait mieux fait de s'arreter plus loin car la suite de la route est tres sauvage. Elle longe la mer Morte dans la reserve naturelle du Wadi Mujib. Le paysage est desertique mais quelques lignes de vegetations luxuriantes poussent de temps a autre autour de mince filets d'eau.

On roule jusqu'a Ghor al-Hadha ou l'on se pose a l'ombre d'un petit arbre. On y rencontre Youssef. Il vient s'assoeir a nos cotes pour profiter de cette ombre bienvenue. On echange quelques mots et tentons de se faire comprendre malgre notre niveau d'arabe mediocre. On entame ensuite la montee vers Al-Karak. 1500m de denivele, en partant de -400m, on s'arrete pour la nuit dans les hauteurs mais au niveau de la mer!



lieu de bivouac


A Al-Karak nous faisons une pause. Toujours grace a l'abouna Pierre et nos amis libanais Foufou et Basam, nous avons un endroit ou dormir. Apres la visite de la forteresse datant des croisades, et comportant comme souvent une extension dans le style oriental des Mamelouks, nous nous promenons dans la ville. Enfin vers 17h, nous assistons a la messe en arabe de l'abouna Samer qui nous accueille. Il nous laisse ensuite face a un repas enorme (et une bonne bouteille de vin rouge) tandis qu'il part visiter ses paroissiens. Quand il revient, nous discutons un moment, car il parle bien le francais.
Aujourd'hui nous emprunterons la route des rois en direction de Petra.

Plus de photos

mercredi 10 mars 2010

Syrie, autour de Damas

Nous arrivons a Damas apres 40km de descente. A la vue des magasins fermes du souk de Hamidiye nous realisons que nous sommes decales d'un jour. Nous sommes vendredi. Aujourd'hui nous rencontrons notre famille eloignee. On attend nos hotes dans une patisserie ou nous degustons des flans et des glaces a la fleur d'oranger et aux pistaches.


chez Afaf, Jdeydet

Jordat et sa fille Nermine viennent nous chercher pour nous conduire a Jdeydet chez Afaf. Lors d'un excellent repas nous rencontrons quelques freres et soeurs d'Adnan qui habite a Paris: outre Afaf, il y a Tony, Rafik, Mouna, Jallal dont la femme, Nancy, attend des triples... Nous goutons le Matte, un the acre et puissant a boire avec une sorte de paille-filtre en metal... Nous preferons les nescafes-lait que nous prepare Afaf.

Kaser Al Azem, Damas


Nous visitons la ville de Damas, d'abord avec Tony puis une autre fois avec Mouna. Pour y aller, nous prenons un taxi collectif, sorte de minibus ou tout le monde s'aglutine, 11 sieges, on en abaisse deux autres plus tard quand une famille de trois rentre, un garcon sur les genoux, et on repart la porte ouverte. Un coup de frein et elle se referme. On fait passer la monnaie au conducteur qui la rend en roulant. La promiscuite n'est pas un probleme: pour sortir, s'aider d'un genou sur lequel s'appuyer, s'accrocher au siege d'a cote pour garder l'equilibre...
Nous passons une soiree et une nuit chez Tony et Jamile, avec leur deux enfants, Emilie et Raif.
Le lendemain, lundi 1er mars, nous laissons nos velos sur le balcon d'Afaf a Jdeydet. Elle et son ami Ali nous emmenent a Marmoussa, un vieux monastere au milieu du desert, qui a ete renove par le long travail du pere Paolo. On accede au batiment en pierre par un escalier, il s'eleve au debut du wadi, coince entre les falaises abruptes. Plus de 300 marches que Afaf monte courageusement malgre son handicap. Nous entrons dans le monastere par une porte minuscule, jusqu'a la grande terrasse ensoleilee. Nous visitons la chapelle. Afaf nous laisse la et repart avec Ali.


Nous resterons finalement trois nuits et trois jours a Marmoussa, en echange de peu de chose: faire la vaisselle et eplucher les legumes... profitant du desert et de son silence. Beaucoup de gens de tous horizons travaillent et se croisent ici. Cecile, Raphael, des Francais, Anna, une suedoise, des Japonaises qui voyagent en stop, et David l'espagnol, avec qui nous sympathisons. On part se ballader dans le paysage desertique. Sur la crete, le vent souffle fort, le soleil rasant noircit d'ombres nos silhouettes et en eclaire d'un filet lumineux les contours. On avance un peu aveugles et tournons la tete pour voir dans l'ombre de la vallee encaissee le monastere entre les rocailles couleur de feu.



Il fait bon vivre Marmoussa. Une sorte d'ideal. Les journees passent pour chacun, a cuisiner, faire le fromage, aller a la bergerie, renover et construire.



Nous quittons Marmoussa le jeudi, par un matin de grand soleil. Accompagnes de David, nous remontons le Wadi a pied, puis traversons les montagnes desertiques jusqu'a AnNabk, ou nous prenons un mini bus vers Damas. Nous quittons David et descendons au niveau de Maaloula. 7km a pied et nous arrivons dans la ville ultra-religieuse, blindee de cars a touristes. Elle est construite entre les falaises. toute la journee les hauts-parleurs des eglises et mosquees se font echo. Nuit au monastere de San Takla. Ballade a travers les hautes falaises qui nous font envie...

Nous rentrons a Damas vendredi, et retrouvons Afaf avec plaisir. Le samedi, on cuisine francais. Au menu, quiche lorraine, tarte et crumble. Impossible de trouver des lardons, malgre la volonte de Jallal qui nous emmene daqns tous les magasins. Ce repas bien de chez nous ne nous empeche pas de finir sur un narguile, parfum pomme puis raisin, suivi d'un the. Le disons au revoir a toute la famille, et partons le lendemain. Merci tout particulierement a Afaf et a son sourire communicatif!

Dimanche, bivouac le soir avec trois suedois rencontres sur la route, Bjorn, Mikael et Pad. Avec leur enorme toyota land cruiser, il vont jusqu'en Afrique du sud. Voila dix jours seulement qu'ils sont partis de Suede! Le contraste est saisissant avec notre lente avancee...
Leur site: http://www.2cape.com/

Notre dernier jour en Syrie est passe a visiter le site de Busra. Un amphitheatre immense a l'accoustique exceptionnelle.


amphitheatre de Busra

Plus de photos

mardi 9 mars 2010

Liban de Beyrouth a Baalbeck


On arrive a Beyrouth vers midi. Ou plutot a Sin el Fil (dent d'elephant) ou nous serons loges grace a l'abouna Pierre de Batroun. Nous rencontrons abouna Youssef qui nous presente Pierre, c'est chez lui que nous passerons la nuit. Sa femme Elisabeth est d'origine armenienne, elle nous prepare un bon repas. on mange bien, comme souvent au Proche-Orient. et ce n'est pas fini! pierre nous emmene ensuite dans les quartiers pauvres de Bouch Ahmoud ou il nous paye des falafels (boulettes de farine et pois chiches cuites dans l'huile). Sur les murs des impacts de balles, c'est ici l'ancienne limite des quartiers. Le soir nous rencontrons Jacques, ami de Sophie datant de son sejour en 2004, il nous fait une rapide visite du centre de Beyrouth et nous goinfre ensuite de patisseries orientales dont les 'Achta' (feuilletes gras au pistaches et miel). le lendemain matin, on mange, encore. Cette fois c'est mannahichs au zaatar, au fromage... on repart de beyrouth le ventre plein.
Nous passons les montagnes libanaises, jusqu'a Zahle. 1000m de denivelles on les avaient sous estimees.

A Zahle, nous arrivons chez les deux francaises depuis 11 ans au Liban , soeur Sophie et Celine. Elles s'occupent entre autre d'un hopital et ont beaucoup voyage pour faire de l'humanitaire. Nous serons loges chez le pere Elie, dans un grand centre d'accueil ou il n'y a personne, au beau milieu des montagnes. Le soir une bonne ratatouille preparee par Sophie et Celine, ca fait longtemps qu'on en revait. nous passons quelques jours a Zahle. Le 23, Yves passe nous prendre a 9h avec son vieux van Subaru Vanille pour nous emmener a Baalbek. Yves, baroudeur, amateur de bivouac sous les etoiles, vit depuis 33 ans au Liban. Il en sait un paquet sur l'histoire du pays et sa politique actuelle. Nous visitons Baalbek les oreilles grandes ouvertes. A l'origine trois temples pheniciens dedies a Baal, a Atargatis et a leur fils Adon, supplantes ensuite par les colossaux temples romains pour Jupiter, Venus et Bacchus. Les Mamelouks y ont greffe leur forteresse de style oriental, elevant des murs de pierre entre les colonnades gigantesques.
Apres un dernier tour dans la ville de Zahle, nous quittons la plaine de la Bekaa pour passer la douane syrienne apres une legere montee.



Plus de photos