vendredi 19 février 2010

Liban


Tripoli

La douane libanaise est passee avec grande facilite. Le visa d'un mois nous est offert et avec le sourire svp. C'est avec joie que nous entrons dans ce nouveau pays que Sophie avait deja visite en 2004. Il fait tres chaud et nous passons Tripoli en effervescence vers 15h, circulation dangeureuse, klaxons, les militaires postes partout, des barrages, des militaires dans les voitures, les rues, les magasins... Malgre tout une ambiance agreable dans cette ville qui fourmille. On sort, ouf. On trouve un super bivouac entre les oliviers face a la mer.

Le lendemain, on trouve une plage de rochers deserte ou passer la journee. Hors du temps.

Le 15 fevrier, On part en direction de l'hotel que Valerie Haidar nous a gracieusement reserve a Safra apres Jbail (Byblos). On rencontre sur la route Basam (sourire en arabe) qui s'arrete volontairement pour nous inviter chez lui a Batroun. On accepte l'invitation mais passerons plus tard. Apres avoir depose nos affaires a l'hotel de Dallas nous partons nous promener dans les rues de Safra. On se prend 3 bieres et nous allons les boire sur le port de la ville, assis sur les gros bloc en pierre de la jetee a cote des pecheurs, quel calme. Le soleil se couche. Les pecheurs surveillent leurs bouchons, la mer fait un doux clapoti.

Nous allons visiter Jbail. Ses ruelles, sa belle pierre ponce, ses boutiques aux portes en bois, ses eglises, ses ruines antiques, son port.


Le soir on regarde Robin Hood a la Tv apres avoir bu un arak sur le balcon au 11e...
C'est les vacances.
Basam passe nous prendre le lendemain matin pour nous deposer sur les hauteurs de Junieh. Nous visitons Notre dame du Liban qui s'eleve au dessus de la baie, une eglise recente a l'architecture etonnante, puis redescendons sur Junieh. Sophie et Luc visitent la maison du patriarche maronite. Un ancien batiment et en face, respectant la symetrie, une eglise faite d'une coupole de vitraux posee quasiment sur le sol, architecture contemporaine, poetique, accoustique exceptionnelle, nous nous mettons a chanter, nous chuchotons depuis le centre de la coupole, ca resonne de facon impressionante.


vue sur la baie de Junieh


Le soir on retrouve comme prevu Basam qui nous emmene dans un resto bar cosy de la belle Junieh. Basam est ingenieur civil, avec sa voix grave et calme, on passe un agreable moment. On apprend plus sur la langue du Liban et son histoire. On se rend compte de la realite de la guerre.


Batroun

Le 18, nous sommes invites chez Basam. Nous rencontrons Foufou (Wafa) sa femme qui nous fait visiter Batroun, ses eglises, sa cathedrale St Etienne, son mur phenicien qui etait l'ancienne carriere de pierre ponce, l'amphitheatre, le vieux souk... On rencontre la mere et la soeur de Foufou dans la maison remplie de souvenirs de peche, et de creations en coquillages. On retrouve Basam dans leur appartement temporaire car leur maison est en construction. On mange un delicieux repas en leur agreable compagnie puis rencontrons leurs deux enfants, Stephanie et Simon. Nous sortons rendre visite avec Foufou aux parents de Basam. Nous rencontrons le pere (abouna) Pierre qui nous donne apres quelques coups de fils des contacts en Jordanie, a Beyrouth, en Egypte. Nous sortons avec Basam et Foufou manger des mannakichs avant de les quitter pour dormir dans une maison de l' association pour handicapes d' abouna Pierre.

Le lendemain, Basam nous depose a Safra ou nous avions laisse les velos. Apres les au revoir et la promesse de se revoir nous voila repartis sur la route.

Plus de photos

Syrie

la frontiere entre Turquie et Syrie


Bordel au passage a la douane. Chacun tend son passeport, certains avec quelques billets, refuses, en recupere d'autres, pas forcement a eux. Au bout d'une heure on repart avec le tampon et ca y est, c'est le debut des pays arabes. La route est calme, circule entre les forets de pins et les petits villages. On descend vers Lattakia le lendemain et tout change. On se fait interpeler a tout bout de champ et meme insulter. Heureusement le soir nous sommes recueilli par une famille. Haala, la maman, nous empiffre de fruits, de frites, riz et poulet. On passe la soiree ensemble avec ses quatre enfants, Lama et Line, ses deux jumelles de 17 ans, le jeune Ali et le petit Ahmad. La maison est a l'europeenne, le poele pour la deco fonctionne a l'huile, le grand mur rouge du salon attend un ecran plasma tout neuf.
Au matin, Delphine et Luc sont malades. La journee passe, Sophie a apprendre l'arabe, Delphine qui se leve pour une partie de cartes, et Luc pour quelques minutes au soleil sur la terrasse. Le soir on tient compagnie a Haala qui prepare des rouleaux de riz. On goute aussi le zaatar (sorte de thym ecrase avec de l'huile d'olive et une plante citronnee, le tout avec des graines de sesame), que l'on met sur des pains plats. On echange photos.




la famille d'Haala

On experimente le lendemain l'autorite syrienne et sa parano. Installes tranquilement dans l'herbe, voici deux voitures de militaires qui viennent nous controler. L'officier execute les ordres de son superieur par telephone, controle nos appareils photos, deux fois nos passeports, et nous demandent de partir en s'excusant, sans donner d'explications.
Autant la plaie de la Turquie c'est les chiens, autant ici c'est certains syriens. Les aboiements continuent a notre passage, et c'est limite si certains ne viendraient pas mordre. On n'est meme plus tranquille pour pisser un coup. Le soir on reussi a s'abriter des regards sous la route dans un petit vallon.
On termine de passer les montagnes syriennes direction l'Est ou Akran, une vieille femme qui fait toutes sortes de pains plats dans une bicoque, nous invite a la chaleur du four rustique. Elle nous sert le the et devant nos mines impressionnees enduit la pate a pain d'une garniture rouge pimentee qu'elle plaque ensuite contre le bord du four. C'est cuit en quelques secondes, colles ainsi sur les rebords en terre.

Le soir on s'installe entre les oliviers et sirotons trois bieres, en esperant ne pas voir l'arrivee de militaires. On decoupe le blason des cannettes et baptisons nos velos Faxe, Turbo et Petra.

Le mardi 9 fevrier, depart sous la pluie. Peu de temps apres, alors que nous nous abritions sous un petit auvent, des militaires en civil nous assaillent de questions et nous demande de partir.

Des le debut de l'apres midi, nous nous arretons dans une maison en construction apres avoir plonge nos velos dans un bain de boue. Nous sommes a Barin. William, Suleyman et son pote Suleyman viennent nous voir. Dormir ici, pas de soucis, meme s'ils nous prennent pour des tares. Ils rapportent plein de bois et nous font un feu a la syrienne, ce qui consiste a asperger le bois vert de vieille huile de moteur et a flamber le tout. Quelques heures apres, un homme de la famille arrive avec sa voiture et nous invite a dormir au chaud dans la maison secondaire de son frere Markus. William emprunte le velo de Luc, qui monte dans la voiture. Nous nous retrouvons un kilometre plus loin. Markus, du haut de ses 44 ans a l'air d'un ado, attife d'un jogging Fila orange, ses tattoos sur le bras, ses cheveux mi-longs frises. Ambiance frenchie avec Gainsbourg en fond sonore et un petit verre de blanc du Gers. Decoration kitsch et bar bien rempli. La famille debarque suivie de Suleyman, verre de whisky avec glacons. On se couche, Leonardo DiCaprio veillant bien sur nous.




L'appartement de Markus a Barin

Le Mercredi 10 nous arrivons a Homs. Nous avons rendez vous avec le Docteur Ahed El Abed. Il nous accueille dans son cabinet. "Ah ! voila les colmariens !" Accroche au mur un tableau de la maison Pfister. Il libere 2 heures dans ses consultations et nous emmene visiter l'eglise St Elian, puis celle de la ceinture de la Vierge. Comme les anciennes maisons de Homs, elles ont ete construites avec les pierres noires volcaniques de la region mais recouvertes plus tard de crepis qu'on retire aujourd'hui. Ahed retourne a ses consultations tandis qu'on se balade dans le souk et prenons the et chicha dans un vieux cafe traditionnel nomme Alfarah ou le gerant sympathique vient nous faire la conversation. L'endroit, une ancienne ecurie, est immense, au plafond haut sont suspendus des lustres, les hommes boivent leurs thes et fument leur chicha, parlent pendant que le serveur a charbon alimente les narguiles.

Le cafe Al Farah

Le soir on prend la voiture pour se rendre dans la maison que construit Ahed, face au Krak des chevaliers a Kafra, 50km de Homs. Sa maison, en realite, ressemble plus a un chateau. Les lourdes portes en bois decorees de fer forge s'ouvrent sur la propriete immense qui arbore les fameuses pierres noires de Homs, et les pierres blanches de la region de Safita. Dix ans de travail et encore plus peut-etre pour terminer ce reve. On etablie nos quartiers au rdc deja habitable. Ahed ouvre une bonne bouteille de rouge de la plaine de la Becca au Liban, pour accompagner puree de pois chiches, d'aubergines, poulet a la sauce de sesame, taboule, viande hachee, feuilletes au fromage... Discussion interressante sur l'hospitalite. On apprend que les bedouins avaient l'obligation d'accueillir un etranger sans lui demander son identite pendant les trois premiers jours. On se couche tres tard, s'adaptant aux horaires syriennes.

Qalat Al Hosn

Petit dejeuner typique, manahisch au zaatar ou au fromage. Nos ventres sont remplis et la journee l'est tout autant. Nous visitons le Crac des Chevaliers. Construit par les Kurdes il est ensuite occupe par les Croises. C'est une forteresse aux murs enormes de pierres blanches. La carriere est situee non loin. Il y a d'immenses salles voutees eclaires seulement par les ouvertures ou passe le soleil.



Nous partons ensuite en voiture a travers a travers les montagnes recouvertes d'oliviers pour arriver a Safita. On rencontre deux vieilles amies du Dr qui vivent dans une ancienne maison en pierre blanche. Nous visitons une autre construction en pierre blanche qui est la Tour de Safita. Elle s'eleve de sa masse rectangulaire au dessus de la ville. Au rez de chaussee, la chapelle, au premier etage, la salle des chevaliers, en haut, a 38m, le toit servait de relais avec le Krak. Au loin la mer, tout autour, les montagnes pleines d'oliviers et parsemees de petits villages et plus loin les sommets enneiges du Liban. Vers 17h nous visitons le couvent St Georges, haut lieu de pelerinage, situe en contrebas du Krak des chevaliers. Dans une premiere piece, un des trois testament du prophete Mohamet, traite sur la tolerance entre les differentes religions du Proche Orient, absurdite des guerres... On redescend dans le temps et dans le sol, 18e siecle, la plus grande eglise ou l'on assiste a la messe du coucher du soleil, 12e siecle un etage plus bas, puis la crypte aux passages etroits et lourdes portes en pierre mis a jour il ya seulement 6 ans.

Avant de partir, nous faisons encore un tour dans la maison et le jardin de Ahed. C'est un musee vivants. des pierres collectionnees peu a peu recuperees d'anciennes maisons. Des colonnes marquees de la croix de Malte, des mortiers en pierre, des lintaux sculptes, des portes en bois du 18e. Un condense de l'architecture des environs, un puzzle agence avec patience. Ahed connait l'histoire de chaque pierre. Dans le jardin les essences de France cotoient celles de la region. Des oies, des poules dont nous avons mange les oeufs ce matin. Et partout une vue sur les montagnes et le Krak. Lorsque Ahed ouvre le pigeonnier et que les pigeons voyageurs s'envolent et tournoient autour de la maison, le spectacle est a son comble. Merci a lui pour son accueil tres chaleureux.

Nous partons avant midi en direction du Liban.

Turquie 4


Le climat se rechauffe de plus en plus au fur et a mesure qu'on se rapproche de Tarsus. Depuis que nous avons rejoint le littoral, la vue sur les montagnes est imprenable. Nous avons depasse Adana avec sa belle mosquee et son beau pont. Nous roulons jusqu'a la nuit et nous arretons dans un batiment abandonne qui pue. Plusieurs hommes arrivent et nous proposent de nous loger dans l'entreprise d'a cote, le laboratoire de la station d'epuration. Ils comprennent tout de suite de quoi nous avons le plus grand besoin : prendre une douche et laver nos fringues. Il y a Fatih qui parle un peu anglais, Emin tres mince avec une cicatrice en bas de la joue gauche, Osman Der, Eyup et Haluk le plus age. Ils sont aux petits soins pour nous. Nous dormons dans la salle de priere.
Le lendemain nous partons des sept heures. A Kurtkulage, en pleine campagne une voiture de la jendarma nous croise doucement, puis s'arrete, fait marche arriere : quatre policiers tentent d'en sortir.
-Can I speak your passport?
-euh...speakmonpasseport? tamam...
Le sourire en coin nous leur tendons nos precieux papiers. Les novices se mettent a rire a la vue de nos photos. Ils cherchent a nous indiquer la route a prendre et se rendent vite compte de devoir nous quitter pour ne pas paraitre trop ridicules. Ils repartent sans trop savoir qui nous sommes. Vers 13h nous revoyons la mer mediterranee quittee la derniere fois a Kavala en Grece.

Quand nous arrivons a Payas vers 11h le 30 janvier un vent d'uns force incroyable se met subitement a souffler. On ne peut plus pedaler ni meme marcher, on est plaque au sol. Un homme nous invite dans son cabanon en tole dont le toit manque de s'arracher. Eyup, la soixantaine nous sert des thes a n'en plus finir avant de nous emmener chez lui dans sa maison en bord de mer. Dehors tout vole, tuiles, chaises en plastique, branches d'arbres, poubelles. Nous passons deux heures agreables avec sa famille lorsque la femme d'Eyup se met a crier aussi violemment et subitement que le vent s'est leve.
Nous comprenons qu'il est question de nous. Eyup, gene, nous fait comprendre qu'il faut deguerpir. Il nous conduit dans une maison pour personnes handicapees non loin de la, dans laquelle se trouve son fils Ersin en fauteuil roulant. Ici nous pourrons passer la nuit. Dehors le vent est toujours aussi impressionant. Plus d'electricite, on allume les bougies. Nous passons une soiree inoubliable avec Ersin et son humour sans pareil, malgre ses gestes saccades nous arrivons a nous comprendre. Keyr est fonctionnaire et s'occupe du petit centre, il y a aussi Sedat a l'oeil de verre et Alper. Keyr commande des 'adana kebabs'. Nous allons acheter des bieres. Oui des turcs qui boivent des bieres ! Ils nous trouvent des nouveaux prenoms : Delphine est Ayse, Sophie Fatma et Luc Ali.


Le lendemain au petit dejeuner, pide et coca. Le ventre bien lourd nous pedalons en bord de mer. Le soir nous sommes accueillis avant Arsuz par Fevzi et Guney. Fevzi est gardien de maisons en constructions. Il habite l'une d'elles avec sa femme Guney. Le logement est precaire, les briques sont nues, les ouvertures cachees par des plaques de plastique. Il y a un poele dans l'une des pieces et nous voici au chaud. toujours pas d'electricite, elle reapparaitra vers 21h. Guney devient la copine des filles. Echange de bijoux, vernis, cremes... tandis que Luc se demene a rester eveille face a Fevzi. Dans le temps, il arborait une moustache dans le style ottoman, maintenant il a une grosse barbe et ressemble moins a un sultan.


Le lendemain Luc est malade. On s'arrete tres tot et passons la journee au soleil dans une ambiance bucolique.

On avance sur la petite route apres Arsuz qui serpente entre les montagnes abruptes qui dominent la mer. De petits villages se sont construits dans leurs pentes a la vegetation du sud. Ca sent bon le pin, on s'arrete vers 11h pour une longue pause au soleil. En 7 jours nous sommes passes de -14 a 19 degres. C'est bon et assomant. Apres un village, plus de route. une piste de terre continue sur 20km. Le chemin ideal. Il trace sa ligne le long de la mer au pied des montagnes qui prennent des teintes brunes. Un torrent coupe la piste a un endroit. Il faut le passer a gue. Une autre partie s'est effondree, a certains endroits des pierres tombees des pentes rocheuses.




Le soir on s'arrete dans un petit vallon ou coule une riviere.

A 5h du matin, l'orage tonne fort. Le vent ecrase la tente a nos pieds, nos thermarest flottent dans la tente trempee. A 8h ca se calme, deux gros orages nous ont fondu dessus. La mer fait de grosses vagues, le ciel est gris, les rochers noirs et verticaux. Paysage tourmente.

Nous passons Samandag. Fini les paysages sauvages, nous sommes assaillis par les 'hello' insistants des gosses. Montee raide au dessus de la grande plage plate de Meydan. Vue imprenable. Il vente fort et nous nous arretons une heure avant la nuit dans un village peu avant le col. Nous demandons un toit pour dormir et sommes immediatement accueillis par Suleyman, un homme de 35/40 ans, beau au visage doux, les cheveux noirs en bataille. Ali et Gonul nous accueillent dans leur maisons remplie de vie. Les enfants piaillent, les parents rient. On se mele a la joyeuse famille. La piece est surbookee. Ali veut ajouter une buche dans le poele et se crame la figure. Ca les fait rire. Le poele chauffe fort mais fait tellement de fumee qu'il faut ouvrir de temps en temps les portes. Hatice, la petite chipie prend un stylo et dessine sur la figure d'un voisin, met sa main sur le poele, danse. Delphine les dessine, Sophie fait des cocotes en papier et Luc joue au 'rumi-chiffres' turc.

Quand on se reveille a 7h, on voit la neige qui tombe par la fenetre. Dans la piece a vivre s'etalent sur le drap par terre les delicieux mets prepares par les femmes de la maison, fromage et pate a l'huile d'olive, olives, pain plat aux epices, soupe aux pois. Les enfants quittent le repas pour aller s'amuser dehors dans la neige et reviennent les cheveux pleins de flocons. Hatice repart dehors en chantant. La joyeuse bande nous regarde ensuite partir. Derniere rencontre turque, un beau souvenir.

Nous passons la frontiere syrienne dans la journee.

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