mercredi 27 janvier 2010

Turquie 3

D' Eskişehir a Nevşehir...




Apres Eskişehir, depart en direction de Polatlı. Nous empruntons la petite route vers Haymana alors que le ciel se couvre et que les premieres gouttes se mettent a tomber. On se fait courser par cinq gros chien turcs d'une agressivite debile. Les chiens errants ont une consanguinite qui a deteriore leur comportement. Nous nous installons le soir dans une grange ancienne construite en torchis, avec un vieux four a pain a cote. En arrivant a Haymana, nous squattons une maison en construction. Le lendemain il pleut. Pas de motivation pour partir. Un homme vient squatter aussi, il a l'allure de Belmondo. Il nous invite a boire le the chez lui. 20 minutes a pied et nous entrons dans son petit appartement. Il s'appelle Birol. Sa femme nous prepare un grand plat avec plein de choses a manger. Deux voisines arrivent, puis toute une ribambelle d'enfants qui rentrent de l'ecole. Nous restons un bon moment pres du poele. On s'amuse bien avec les gosses puis nous les quittons.



Le lendemain, brouillard. La route toute petite nous mene a Calış, village paume. Le soir sur la route qui mene a Aksaray, nous nous arretons a un abri sur le bord de la route. A peine arrives, deux hommes avancent vers nous. Ils s'appellent Mehmet et Haci, sont kurdes, et nous invitent dans une petite maison situee derriere l'usine de pneus. C'est la qu'ils logent, bien que la fabrique soit fermee a cause du froid ; le patron est parti en Allemagne. La maison en prefabrique est composee de quelques pieces dont une seule est chauffee a pres de 30 degres. On s'installe sur les deux lits ou on evacue nos toxines comme dans un sauna. On communique en allemand, on apprend par Mehmet les problemes du pays. Il n'y a pas de travail. Obtenir un visa pour la France tient de l'impossible. Ils nous offrent le repas ce soir, une patate chacun, avec un bout de pain, un oeuf dur tout chaud. Nous passons une tres bonne nuit dans leur bicoque.

Le 17 Janvier, nous partons sous la pluie. Nous roulons 40 km sans nous arreter. Mouilles, nous passons deux heures dans un resto-route a touristes, en face du Tuz Gölü (lac sale) puis allons nous installer dans un abri a cote. Un homme du resto nous y acccompagne, prend Luc par la main et est tout heureux. une belle voiture se gare, deux couples en sortent. Ils viennent de Lybie ! On ouvre aussitot la carte de Lybie et nous voila tous autour. Un des deux hommes est diplomate. Malgre nos questions sur l'obtention du visa lybien, le sujet est evite. "Nice to meet you " ils repartent avec la meme classe qu'a leur arrivee. Rencontre tres agreable. Alors qu'ils rentrent dans la voiture, une des deux femmes revient les bras charges : six biscuits au chocolat, des sortes de pizzas epicees, et des oranges. Ca tombe bien, on fete ce soir l'anniversaire de Sophie. Nous decidons alors de nous diriger vers un autre abri a cote, une bicoque a quatre murs jaunes, dont une porte fenetre est brisee. On se faufile a l'interieur. Apres s'etre degage un bon espace au milieu des cartons, sachets et cadavres d'oiseaux, nous nous mettont a ouvrir les cartons ; on n'a que ca a faire... Ils sont remplis de bijoux en toc, le reve (pour les filles), c'est la caverne d'Ali Baba. Il y a de jolies choses mais surtout des horreurs kitchissimes. A l'apero pois chiches seches et fromage. On trouve des objets lumineux a trois diodes qui changent de couleur. Ambiance... Une bouteille de vin blanc miniature est mise sur le podium.

On continue notre route sur laquelle on voit beaucoup d'industries salines, des tas de sel s'amoncellent sur les bords du lac, immense. Les montagnes ont des couleurs ocres, jaune clair et rouge.

Sur la route vers Aksaray, nous savons que devant nous, il y a des sommets a 3000metres, nous guettons les nuages tres bas. Au loin une lueur plus claire : pente neigeuse ou brume ensoleillee? Puis la brume s'estompe a un endroit et on apercoit une pente ouest. On se dirige maintenant vers les Capadoces, un detour bienvenu vers ce site connu pour ses maisons troglodytes et ses demoiselles coiffees. Le soir on s'arrete dans un chateau en renovation, sous un batiment annexe comportant des arches en belles pierres rosees.

Le 20 Janvier, on pedale d'abord sous la pluie avant de s'arreter a Acigöl. Un petit kiosque et nous sommes au sec, puis cinq minutes apres au chaud, a la mairie. On rencontre Mustafa, un des employes, qui ressemble au plus bronze des inconnus. Il a vecu en Suisse et parle en francais comprehensible mais dont tout les mots se melangent ou sonnent faux. "boune aniversaume".



Le soir on fete l'anniversaire de Delphine dans le bloc sanitaire en hauteur d'un camping a
l'abandon. On installe a nouveau les objets lumineux, vu de dehors, on croirait un bar lounge. Petit apero, petits "cerveaux" : pois chiches souffles enrobes de diverses chose croquantes, puis miniardises chococreme au dessert.


Kapadokya




Nous arrivons dans le parc naturel des Capadoces. Üçhisar marque le debut de l'effondrement du plateau turc. On s'arrete pour visiter, avec une joie de gamin, les maisons troglodytes creusees dans ces blocs de roche sedimentaire. On court dans l'ancienne cite, montons dans les maisons par des cavites qui demandent parfois quelques mouvements d'escalade. Un, deux puis trois etages ! Il neige par intermitence toute la journee. En cette periode, il y a peu de touristes, nous voila encore avantages par l'hiver. On rencontre un joaillier qui nous invite a boire le the dans son rocher a six etages. Il est l'un des rares a etre instale dans ces maisons de pierre. Il nous en apprend un peu plus. Elles ont ete creusees au deuxieme et troisieme siecle, y ont vecu byzantins et ottomans jusqu'il y a une cinquantaine d'annee. Les villes modernes se sont ensuite construites aux alentours.
Apres Göreme, le soir, nous trouvons un cocon de pierre haut perche pour dormir. A cinq metres de haut, varappe obligatoire pour y acceder. Un bon 4c. Un bivouac transcendantal, avec juste ce qu'il faut de place pour poser la toile de tente du dessous, et un sol qui penche legerement vers le vide. Apres quelques montees descentes, nous nous sommes aguerris. Luc en haut receptionne les saccoches que Delphine lui passe au bout d'un tendeur. Sophie passe d'en bas les saccoches a Delphine, qui s'est perchee sur une porte metallique posee contre la paroi. Toutes nos affaires en haut, nous pouvons virer la porte et laisser libre notre petite voie. Notre abri est fait de deux parties dont le centre s'est effondre. Au dessus de la voie, un bloc enorme est suspendu, tenant par on ne sait pas trop ou.
On quitte le parc naturel en passant par Ürgüp sur une petite route tres belle dans un paysage sauvage. On y croise deux trois chiens dont l'un d'eux est rachitique et affame. Quelques bouts de pain et il nous suit. Il est encore jeune et fait peine a voir. Plus loin une horde d'une vingtaine de chiens appercoit notre pauvre compagnon qui se fait manger sous nos yeux impuissants.
Cinq bornes avant Cemil, premier gros ennui du voyage : l'axe de la roue arriere de Delphine casse. Nous voila en train de fabriquer un tandem, mais pas question de s'asseoir dessus. Sophie et Delphine le poussent apres avoir charge Luc des deux saccoches arrieres de Delphine. On trouve refuge dans une des nombreuses caves a la Tolkien peu avant le village. On y laisse les affaires puis fermons la lourde porte en bois pour un tour dans les montagnes.
Apres notre nuit dans cette maison de Hobbits nous allons au village. Peut on y trouver une roue? Les habitants envoient Luc dans une voiture qui part a Ürgüp pour y trouver un nouvel axe. Pendant ce temps, les filles croquent le village et son ancienne eglise orthodoxe. Des grecs ont vecu dans la region avant qu'Ataturc ne les chasse en 1923. Lorsque Luc revient, Cabir Coşkuner nous invite a boire le the et a dejeuner dans sa belle petite maison ou il vit avec sa mere Eva. Cabir nous fait visiter le site historique qu'il entretient, le monastere Keşlik, ancien monastere orthodoxe du 13e creuse dans la pierre. Jusqu'a 300 moines y ont vecu. Deux eglises, un refectoire, un pigeonier, une cave a vin avec pressoir, des cuisines, de nombreuses chambres, des passages secrets, des pieces ou se refugier et se cacher. Le site est un ecrin de verdure ou poussent amandiers, abricotiers, vignes, jujubiers... Nous reprenons la route a travers les peupliers qui parsement la vallee puis remontons 300 metres, en pensant arriver a un col. Nous retombons en fait sur le plateau turc, d'Hodul Daği. Le soleil decide alors de sortir le grand jeu, il envoit des taches colorees oranges sur une des montagnes toutes proches, un jaune eblouissant contournant les nuages qui se deplacent lentement dans un ciel immense, des teintes rosees a la base des sommets a 3000m. Il fait presque nuit lorsque nous trouvons une chapelle troglodyte perchee en hauteur.




Derniers jours sur le plateau turc


Le 24 Janvier il neige. Tuna nous offre le the dans sa fabrique de pain. La temperature reste negative toute la journee. Motives, nous passons Niğde en debut d'apres midi sur une route blanche. Nous avalons 85 km aujourd'hui. Nos velos sont congeles, un centimetre de glace recouvre derailleurs, plateaux, freins... on ne peut plus passer les vitesses.
Nuit tres fraiche, nous partons apres avoir grate la glace a coups de couteau. Rien n'y fait, la glace est incassable, nous passerons les deux cols, 1490 puis 1600m, bloques sur le deuxieme plateau. Nous sommes frigorifies dans la descente et nous arretons a Bayağıl dans une station essence.




Cette nuit la temperature descend a moins 15 degres. Heureusement au matin un ciel completement degage nous accueille. Grand ciel bleu, sommets blancs qui commencent a etre eclaires par le soleil, froid intense. Nous montons sur le toit de notre maison pour admirer et profiter des rayons du soleil, enfin... C'est grandiose. On quitte ce paysage de neige lors de la descente vers Pozantı. C'en est fini du plateau turc. Le contraste est saisissant lorsqu'on arrive au milieu des melezes et pins plantes dans une terre de Sienne. Durant toute la traversee du plateau nous n'avons pas vu de foret. Les montagnes qui s'elevent au dessus de ce paysage mediterraneen culminent a 3000m et plus et leur couleur blanche contraste avec la chaleur de la vallee. On passe deux cols. Apres lequels on ouvre enfin les trois fioles de liqueurs offertes par Aurelie, puis on entame la belle descente sur Tarsus
.

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vendredi 15 janvier 2010

Turquie 2



Une petite vue de nos Vosges...
eh non! c'est la Turquie! Uludağ, la station de ski de Bursa...




Derniers jours a Istanbul




Le cinema des annulations de trajets de bateaux au port de Yenikapi nous oblige a rester a Istanbul deux jours de plus. Nous en profitons pour nous balader dans le quartier d'Aksaray puis atterıssons dans le Küçükpazaar que l'on contourne pour partir vers la mosquee de Suleyman Le Magnifique et le tombeau de son epouse preferee.


Bursa



Dimanche 3 janvier, nous prenons enfin un bateau pour Yalova ou nous arrivons peu avant 17h. Le soir nous bivouaquons dans une station essence abandonnee. le son des voitures est repercute sur les trois parois en beton et resonne. On se met a chanter et danser, on oublie vite les voitures. le lendemain deux petits cols a passer avant Bursa, on retrouve la neige et les paysages en sont recouverts. Le soleil brille et les surfaces blanches refletent sa lumiere. Le lac Iznik est magnifique.
Le 5, leves avec un ciel degage, Bursa n'est plus tres loin, nous roulons au soleil, il fait froid. On arrive a Bursa. Nous arrivons chez Ayşe et Nihat que nous avons rencontre a Colmar grace a Muradiye et Talat Altuncu. Aişe et Nihat nous acceuille comme des rois dans leur bel appartement situe au 5eme etage d'un immeuble du quartier de Yıldırım. Sur la table de la cuisine, tomates confites dans du sirop assaisonnees de clous de girofle, fromages, abricots confits, olives, concentre de tomates, beurre, pain, fromages cuits a la poele avec du beurre... et bien sur, the. Puis on s'installe dans le salon ou les nombreux canapes sont vite investis par la famille qui rend visite. Nous rencontrons Nurcan, Esraunuş (jeune etudiante de 23 ans) et sa maman Aynun... Nous faisons un tour avec Esraunuş dans le quartier. On se depeche ensuite de rentrer car Osman, le voisin prof d'anglais, nous attend. İl veut nous emmener visiter le centre ville. İl nous depose face au bazar couvert, nous allons voir la mosquee Ulu Cami aux nombreux piliers decores de calligraphies arabes fines et monumentales. C'est l'heure de la priere... On retrouve Osman qui nous paie des simit (sorte de bretzels rond au sesame), puis nous emmene dans son bureau de consultants ou il enseigne l'anglais. On participe a la reunion des vieux copains. L'un d'entre eux a etudie les caracteres humains et il decrit nos personnalites en lisant sur nos visages. On y passe la soiree et sur le chemin du retour on apercoıt le theatre, les remparts puis faisont une pause a la Clock Tower. De la, nous admirons la vue sur Bursa qui s'etale sur des kms avec ses 2 millions d'habitants.
Nous nous levons vers 9h, Aişe a deja prepare un petit dejeuner. Nous nous installons, genes par tant de generosite, d'attention. Nihat est alle chercher du pain frais. Celui ci nous emmene prendre le teleferique, mais il est ferme. L'alternative : prendre un minibus qui, pour 9 Lires, nous emmene sur les hauteurs, a Ulunağ. Nous arrivons a la station de ski a 1865 m. la neige recouvre tout, on se croıt chez nous. Nos jambes sont toute trepidantes a la vue des skieurs turques. Nous montons jusqu'a un petit sommet tout proche a plus de 2000m pour avoir une vue de l'autre cote des montagnes. Le vent souffle tres fort, le paysage nous remplit l'esprit. En descendant, on court dans la pente pour prendre de la vitesse, puis les pieds immobiles et les genoux flechis, on tente de glisser sur quelques metres.

vue sur Bursa


De retour a Bursa, nous retrouvons Nihat qui s'occupe de nous comme de ses petits enfants. İl nous offre des marrons chauds puis nous reconduit chez lui. Le soir, Canan et son mari viennent manger. Canan est enceinte. Son mari, sympathique, nous parle beaucoup et rit. Le repas est delicieux : soupe au yaourt puis fayots, salades, riz, boulghour parfume a la menthe, viande. Installes dans les canapes, nous voyons arriver la famille. the et patisseries mais aussı petites choses a grignoter. Le mari de Canan nous sauve de notre diffıculte a decortiquer une petite graıne a coque. On la casse en deux a l'horizontale avec les dents, puis, pour les plus doues, le fruit s'attrape au seul moyen de la langue.
Nous decidons de repartir le 7 janvier, le temps etant de notre cote. Au petit dejeuner, Aişe commence a nous preparer des sandwichs. Nous les remercions beaucoup mais il nous faut partir. Nous reprenons nos velos, le temps de leur dire au revoir, ainsi qu'a Osman. Nous partons en direction d'Inegöl entoures de belles montagnes, la vue des sommets enneiges nous rejouit. İl fait chaud, 16 degres, on se croit au printemps.



Eskişehir





Le 9 janvier, nous arrivons a Eskışehir vers midi. Une horde d'Erasmus a velo nous interpelle, Mamba, polonais, a un super tandem qui claque. İl y a aussi Michael, tcheque, Marvina, polonaise, Marion, Manuella et Sarah, trois françaises, et Sophia de Stuttgart. Nous sommes invites chez Mamba et son ami Michal, les deux polonais sont arrives cet ete...a velo depuis la Pologne! On reste l'aprem dans leur apart on se croit comme chez nous... On rencontre le troisieme colloque Onur, turc d'Adana. On passera une vraie soiree d'etudiants dans la grande colloque du tcheque Michael, ou l'on croise toutes les nationalites.


Dimanche 10 janvier : Merhaba! günaydin! İl est midi, Mamba prepare le the : çay? Tamam! (d'accord), problem yok! Onur apporte frites, saucisses, tomates, concombres, fromages. Vers 14h on decide quand meme de decoller et nous partons tous les trois visiter la vieille ville et admirer la vue sur la colline. Eskişehir, 600 000 habitants est entouree de montagnes arides.




Le soir, nous rentrons a l'apart et repartons chez Gamze, une jeune turque qui nous prepare un repas traditionnel. A nouveau toutes les nationalites se confondent, il y a meme un chaton en furie qui joue avec les dreadlocks de Mamba. Nous partirons demain malgre la meteo pessimiste, nous profitons de cette soiree et rentrons vers 22h a l'apart en compagnie de nos hotes polonais et de Marvina. Mamba prepare le the avec Onur. Nous mettons par terre des journaux et une feuille blanche format raisin. Nous sortons les gouaches, Delphine et Sophie commencent pinceau a la main. Mamba et Marvina se mettent a l'oeuvre. Michal met la musique : Thievery Corporation. Luc prend une photographie, la huitieme depuis le debut du voyage. Mıchal sort le trepied pour photographier.


Lundi 11, Mamba et Michal se levent a 8h pour manger avec nous et nous dire au revoir. Michal nous accompagne jusqu'a la route qui mene a Ankara. Ce matin il fait beau. Repit avant les precipitations prevues?

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samedi 2 janvier 2010

İstanbul

Sur la route vers İstanbul

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A Edirne, c'est le rituel du passage de frontiere, le moment ou l'on se baigne dans une culture encore inconnue, ou la premiere heure, souvent, est euphorisante. Le bain turc a une odeur de miel. İl est 17h et le soleil s'eteind tandis que nous circulons dans une rue d'Edirne au milieu des magasins d'olives, des pains enormes exposes en vitrine, des vendeurs de patisseries orientales.
Le 23 decembre, quand nous partons d'Edirne, il fait aux alentours des zero degre. Puis un vent se leve et la temperature monte jusqu'a 16 degres dans l'apres midi. Nous nous arretons le soir dans un hotel de riches abandonne. A l'arriere, une porte ouverte, nous entrons et visitons le lieu laisse a l'abandon, la reception, l'escalier magistral qui mene aux chambres. Restaurant, fauteuil en cuir, tapis rouge, billard. Ca sent le renferme. Nous passons la soiree dehors, ou il fait plus chaud que dans l'hotel.
Le lendemain, on continue sur la nationale poussiereuse et avalons les pots d'echappement. A Lülebürgaz, nous achetons des specialites dans un petit magasin ou la dame nous fait tout gouter. On prend des aperos, pois chiches grilles, fruits secs, noix enrobees de pate de raisin... Ce soir on fete noel, alors on se fait plaisir. Nous bivouaquons dans un petit abri. Un chien nous rode autour toute la nuit, il aboie pendant des heures devant le mur, aboie, aboie, rameute ses copains, se calme enfin. On commence a s'endormir, il revient tout pres, aboie, s'eloigne en aboyant, aboie en courant. Depuis que nous sommes en Turquie, nous voyons partout des chiens errants, ıls vivent en groupe et font leur vie.
Nous partons ensuite direction Saray. A Çukuryurt, nous passons du temps dans une ecole. Nous comptions d'abord remplir nos bouteilles a la fontaine face au preau de l'ecole aux couleurs jaunes quand une femme nous invite a y boire un cafe. Nous sommes conduits dans la salle des profs, ou, dans une ambiance conviviale, nous rencontrons des instits en costard, le proviseur Hilmi Çeper, un grand homme moustachu. Nous sommes invites a visiter les classes. Chez les cp on prend une photo puis chez les ce1, nous rencontrons Mesut, qui parle allemand. La professeur des maternelles, une belle jeune turque, nous demande de chanter pour sa classe. On s'y rend et les petits turcs nous chantent une chanson. Mesut traduit : c'est l'histoire d'un chien qui veut voler comme un oiseau. Les enfants miment la scene, on rit. A notre tour, nous choisissons d'interpreter "les copains d'abord" suivit de "la vie en rose". Lorsque nous partons, la femme qui nous a invite nous serre dans ses bras. Echange des adresses et mails...
Le lendemain, on espere pouvoir faire un vrai bivouac en pleine nature. Les paysages vallones sont tres jolis et tres verts. On s'aventure dans un chemin qui devient de plus en plus boueux mais peu importe, on persevere car on veut trouver notre "spot nature". Finalement, les velos n'avancant plus (avec 5cm de boue collee sur les roues) nous decidons de nous arreter a cote d'une maison d'agriculteurs sur un bout de terrain legerement moins humide. Vers 17h30, Trois hommes arrivent en voiture, pleins phares puis se garent a la maison sans nous voir. On les aborde et ceux-ci comprennent rapidement qu'on compte planter la tente la. L'un d'eux nous propose alors de nous laisser la modeste maison pour la nuit. Puis ils repartent... L'air beat, on les remercie, encore chamboules par tant de gentillesse. On s'installe comme des rois dans la premiere piece dont le sol est recouvert de nombreux tapis et canapes.


Le 27, temperature si chaude pour le mois de decembre! Petit detour par Karaburun pour voir et meme toucher la mer noire. Il pluviote par moment mais le soleil perce parfois les nuages. Nous plantons la tente dans une foret. Ca faisait longtemps. La lune brille a travers les arbres et on entend le vent dans les branches. Jolie melodie de la pluie qui se met a tomber sur la toile... Nous faisons un petit bac qui finit en fou rire.



İstanbul




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Avant d'arriver a İstanbul, la route est recouverte de boue et on arrive en ville tachetes de brun. On fait encore une vingtaine de kms pour arriver au quartier de Sutanhammet car la ville est tres grande. Apres avoir deposes affaires et velos a l'hotel, nous partons decouvrir les environs. Deux belles mosquees grandioses se font face : la mosquee bleue et Aya Sofya. On se balade ensuite dans une rue a kebabs jusqu'a ce que la pluie nous surprenne. On se refugie a l'abri, des dürüms a la main. Retour a l'hotel vers 17h ou l'on attend maman Bunny et Aurelie qui arrivent de France en avion. 3h de retard et on s'impatiente dans la chambre. Enfin les voila... et aussi, ne serait ce pas... mais si c'est bien lui! Mac Gyver, l'original! la surpise est de taille, d'autant plus que notre fournisseur vinicole officiel rapporte un sac de 100L rempli de victuailles. On deballe ces tresors : foie gras, chocolats, liqueurs, champagne... Mais les plus beaux tresors sont les messages qui accompagnent tous ces beaux cadeaux. On est tout joyeux et tout le monde parle en meme temps. un bon resto vient courroner le moment.

Les jours suivants sont passes a visiter la ville. Le Grand Bazar, un endroit immense, ou marches couverts se succedent dans des ruelles. Tapis, lampes, marquetteries, maroquineries, bijoux, patisseries... Topkapi, le palais et cite de Mehmet II ou nous passons rapidement. La mosquee bleue ou Sophie et Delphine croquons avec plaisir les multiples arches, lignes et details entourees des touristes qui nous epient. Le pont Galata, sous lequel de petits restos se sont installes et sur lequel les pecheurs sont alignes. un bateau nous emmene plus loin que le fameux pont Boğazıçı pour decouvrir le Bosphore.

Le jour de la saint Sylvestre, on se balade en direction du quartier de Taksim, nous passons a cote de la tour Galata. Nous achetons des patisseries a peine riches en matieres grasses et miel. Durant toute la journee, notre grand probleme est de savoir quoi manger avec quoi boire, et dans quel ordre. A l'hotel, petite table mise, on commence le foie gras et on grille les toats sur le radiateur, quelques poires, et une bouteille de "Grain Noble" entamee plus tot que prevue. Apres un bon repas nous sortons a 11h30 a la recherche d'un feu d'artifice. Nous allons au bord de la mer. Un bateu s'arrete devant nous. A minuit, il fait peter tout ce qu'il a d'artifices, qui virevoltent dans le ciel noir, se refletent sur la mer. Plus tard c'est le bouchon de champagne qui saute a son tour.

Le premier jour de l'an nous nous quittons. Maman Bunny, Aurelie et Francois repartent dans le taxi qui les emmenent a l'aeroport. Nous avons remballe nos affaires et lorsque nous chargeons nos velos, nous nous retrouvons un peu seuls et tous gemüsch... Nous partons pour prendre un bateau qui nous menera a Bursa. Mais nous sommes finalement encore a İstanbul, coinces par le vent qui empeche les bateux de traverser la mer de Marmara.

vendredi 1 janvier 2010

Macedoıne, Grece




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La traversee de la macedoine se fait sous la neige et dans le froid. Cela debute avec le passage d'un col apres l'Albanie. Avec un vent a 100km/h et 3 degres. Nous passons la frontiere avant midi. Le lendemain, le 11 decembre, nous passons un second col. On fıle a toute allure vers Edessa et avalons 85km avant un irish chocolate bien merite, installes dans le kiosque d'une eglise orthodoxe. Le samedi, la neige a recouvert notre tente d'une couche lourde de 15cm. Nous sortons de notre cocon avec delicatesse en faisant tomber cette paroi blanche par gros paquets. Premieres traces dans la neige, les velos dessinent une ligne sur la petite route qui rejoint 50m plus bas la nationale que nous empruntons. A Edessa, on se sent moins depayses qu'en Albanie: petites rues commercantes, decorations de noel...
Apres Edessa, nous contournons Thessaloniki. A Koufalia, on passe quelques heures dans un cyber-cafe ouvert toute la nuit. Nous y restons 3h30 et sommes deja bien satisfaits de notre occupation de la soiree, lorsqu'on apercoit un doner grec juste a cote. Bon, il est 19h30, on a faim. De toute maniere il fait deja nuit depuis bien longtemps, allons-y. C'est le rdv des habitues, tout le monde se connait. Nos regards sont vite attires vers la serveuse qui nous propose des pitas ( galettes epaisses et rondes) qu'elle remplit au choix d'oignons, porc, brochettes, tomates, sauce, potatoes...). Trois vieux sont assis a une table, ils boivent alcools forts, ouzo, biere. L'un d'entre eux nous offre les trois kebabs que nous choisissons. Nous commandons trois bieres et nous installons a leur table. La serveuse Georgia parle anglais ainsi que son amie Dina. Nous passons un bon moment dans cette ambiance familiale. Nous leur montrons nos croquis. Ils nous offrent aussi un coca, une veste pourrie, Sophie fait un portrait de Georgia. La femme de l'un des 3 vieux copains arrive. Plus tard, c'est leur fils qui entre avec sa femme. C'est tout un monde qui se retrouve dans ce kebab! Lorsque nous partons, le patron nous offre une bouteille de blanc faite maison.
le jour qui suit est pluvieux. Heureusement le soir nous trouvons abri dans une eglise. nous ouvrons le vin offert la veille. İl sent bon. Nous le goutons, il est degueulasse.
En contournant Thessaloniki, nous arrivons en soiree au bord du lac Volvi. Nous nous arretons dans une grange a cote des vaches et chevaux. Un chien nous accueille, nous passons la soiree avec lui. İl nous sent, nous leche, nous saute dessus, alors que nous cramons du mais dans notre casserole en tentant de faire du pop corn. Nuit couches sur le mais... le chien pres de nous nous garde. Nos petits amis les rats s'eveillent le soir, courent sur le toit en tôle, mangent, copulent.
Le 17 decembre, nous arrivons en fin d'apres midi a Kavala. La ville est jolie, nous regardons les bateaux. A cote du petit port, nous lisons un panneau : Constantinopolis et le nombre de kms qui nous separe de la ville tant attendue.
Le lendemain, a peine partis, nous rencontrons un italien de Bologne qui se rend a Jerusalem. Il semble passionnement heureux : "life is beautiful, the people are beautiful, the world is beautiful". Il a 50 ans et ne les fait pas, une legere barbe grise et une creole dans l'oreille gauche. un visage souriant de vieux pirate.
un soir, nous nous abritons sous le porche d'une eglise, craignant le vent. Nous montons tout de meme la tente. Vers 22h, celui ci se leve : le sirocco est de retour. Toute voile dehors, la tente se souleve du sol. Le vent est d'une violence inouie et chaque bourrasque est une claque enorme qui s'engouffre sous la toile. Durant bien 3h nous tentons de dormir au milieu des secousses. A 1h, la tente cede. on remballe a demi-eveilles puis nous dormons (mal) sans tente. Le pretre orthodoxe et un fidele arrivent assez tot pour preparer la celebration de ce dimanche. Ils nous invitent a l'interieur. Dehors c'est la tempete, nous nous asseyons dans un coin alors qu'ils remplissent l'eglise de leurs chants. Le pretre parcourt l'eglise et disperse l'encens dans un son de clochettes. A midi, nous faisons l'agreable rencontre de Linda Papadopoulos qui nous accueille dans la laverie du club de foot d'Ariana. Nous reprenons la route, nous passons dans un violent orage. Pendant plusieurs heures, il pleut a grosses gouttes. Nous continuons, il faut a tout pris passer le col. Pas un seul abri ni habitation sur notre route. Nous sommes transis par le froid, trempes jusqu'aux os et le vent souffle et il pleut et notre tente est abimee. La descente finit de nous geler. Pas d'abri... ou est le prochain village? Luc donne un coup de pied a son velo mais celui ci ne se transforme pas en chevrolet chevy van pour autant. Vers les 17h, nous arrivons devant une base militaire. Au meme moment, un pick up passe, Sophie l'arrete. Ou peut-on trouver un abri? İl ne parle pas un mot d'anglais. Un jeune militaire fait l'interprete. İl pleut, il fait froid, il fait noir, Delphine et Sophie nous installons dans le pick-up a cote de la mere, de la femme, et du fils de Marmet, Luc est sur la remorque avec nos trois velos, il arrivera congele. Nous dormons dans un hotel ce soir, le patron nous fait un prix et nous mangeons les gateaux faits par sa maman.
Le lendemain, apres une grace matinee devant les dessins animes grecs, nous rangeons nos affaires qui ont seche. Nous decollons a 11h. Dehors, grand beau temps, meme s'il fait froid. Le soir nous trouvons refuge sur la terrasse couverte d'un resto ferme. Vers 17h30 deux personnes arrivent, puis le boss. Ils nous prennent d'abord pour des sans papiers pakistanais puis nous offrent le cafe. Ils font leurs comptes pendant qu'on boit nos kawa. En repartant ils nous proposent de dormir a l'interieur. On s'installe entre les tables, mais mangeons par terre...
Le 22 decembre, nous passons la frontiere turque a Edirne apres un petit detour. Sur la route longeant la frontiere, des camions de militaires ne cessent de nous doubler.